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Les Malheurs des Arabes

Published in l’Orient le Jour (French language national daily newspaper in Lebanon)

En Septembre 2003, les forces britanniques identifient et arrêtent un criminel notoire dans le mohafazat de Missan (Sud de l’Irak). Ils perdent un de leurs soldats lors d’un échange de tirs avec les collaborateurs du « Chef ». Le soir même, la chaîne Al-Jazira annonce que « la résistance chiite a commencé au Sud de L’Irak ». En Octobre 2003, et en guise d’introduction aux préparatifs pour la conférence de Madrid pour la reconstruction de l’Irak, le présentateur de la chaîne Al-Arabya affirme haut et fort que « la Coalition réunit les bailleurs de fonds après avoir détruit l’infrastructure vitale de l’Irak. ». Alors que tout le monde sait que l’infrastructure vitale n’a pas été détruite lors de l’invasion de l’Irak. Et que les problèmes qui existent à ce niveau sont dus à la négligence du régime baasiste et surtout aux dépenses militaires et au coût des aventures militaires et personnelles de Saddam Hussein. Le présentateur a bien sûr omis de mentionner que les Irakiens ont droit actuellement à 20 % plus d’heures de courant électrique qu’en 2002. Pour un téléspectateur ordinaire, ce genre de propos peut être « assimilable» mais pour quelqu’un qui vit en Irak et qui suit l’évolution de la situation, ça ne peut être qu’une preuve de plus que les médias arabophones sont mal placés pour assurer une information saine à une population arabe souffrant de problèmes politiques, économiques, culturels et sociaux graves. Ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres de la désinformation pratiquée par la plupart des medias arabes. Au delà de la transgression des règles d’éthique qui imposent à tout journaliste de s’assurer de l’information qu’il diffuse, il est légitime de se demander sur la nature de l’objectif politique recherché à travers cette pratique perverse du journalisme. Il est tout à fait normal qu’une chaîne télévisée suive une ligne politique et exploite tel ou tel événement pour faire valoir cette ligne, mais de la à inventer ou à déformer un événement, ça ne peut que montrer une décadence maligne qui rappelle les pires pratiques dictatoriales, dont les régimes arabes sont les champions. Il ne suffit pas de décorer ses plateaux à la « BBC » ou d’organiser des talks-shows à la « Larry King » pour se vanter d’une information « moderne ». C’est le contenu de cette information qui compte. C’est surtout l’objectif recherché à travers cette information qui institue ou destitue la crédibilité des médias. Surtout que la fin, quelle qu’elle soit « noble », ne justifie pas les moyens. A tous les malheurs des Arabes (dont notamment l’existence perpétuée des « ministères de l’information ») s’est ajouté ces dernières années le malheur des Medias « pseudo modernes ». Vive la Liberté !!

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