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A propos de democratie et de libertes

Published by L’Orient le Jour (French language daily newspaper in Lebanon)

Il est bien clair que la démocratie au Liban souffre de problèmes périlleux et que les libertés individuelles et collectives passent par des étapes cruciales. Sept ans après l’arrêt des combats au Liban, très peu de choses ont évolué. Par contre, on a pu assister à une dégression généralisée. Loin de traiter des sujets propres à la politique politicienne, cet article évoquera uniquement les préoccupations des associations et des militants des droits de l’Homme, qui, dans la plupart des cas, se voient dans l’impossibilité de faire quoi que ce soit, si ce n’est qu’informer l’opinion publique libanaise et internationale de ces violations. Les autorités au Liban violent systématiquement la déclaration Universelle des droits de l’Homme ainsi que les protocoles, accords ou conventions qui en découlent. C’est un phénomène malheureusement propre aux régimes totalitaires et antidémocratiques. Et c’est cette transformation structurelle au niveau de la société civile qui nous inquiète tant.S’il est vrai que le Liban n’a jamais pu atteindre le respect total des droits de l’Homme, il est aussi vrai que la société libanaise n’a jamais été menacée dans ce qu’elle a de plus cher: La liberté. Depuis 1990, nous assistons à une dégradation alarmante, aggravée par l’absence de toute intention gouvernementale de rectifier ce cours dégressif. Le statu quo imposé par la communauté internationale ne sera pas en danger si la situation des droits de l’Homme s’améliore au Liban. Ce prétexte, utilisé à tort et à travers par les ténors loyalistes me rappelle surtout l’exemple de l’élève paresseux qui, pour justifier ses échecs, accuse ses instituteurs et son école de tous les maux possibles.

Récemment, j’ai eu l’honneur d’assister à la réunion du Comité des droits de l’Homme des Nations Unies à New York. Une vingtaine d’experts indépendants ont pu dresser un bilan inquiétant des droits de l’Homme au Liban: La liberté de presse et d’expression, la liberté d’association et de réunion pacifique, l’indépendance du pouvoir judiciaire et bien d’autres droits bafoués et ignorés par le pouvoir en place. Jamais la liberté de presse n’a vu de jours aussi noirs au Liban: Les interventions directes et indirectes, la censure (pourtant interdite par le Conseil d’Etat), l’autocensure (qui est beaucoup plus dangereuse) deviennent de plus en plus monnaie courante au Liban. Même du temps des milices, on pouvait respirer un peu plus d’air libre. Malgré que l’interdiction de manifester soit une atteinte grave à la Déclaration universelle des droits de l’Homme, de plus son application reste arbitraire. Dernier exemple: le Ministre de l’intérieur appelle ses électeurs (?) à manifester. Faut-il se demander qui a interdit les manifestations et contre qui est organisée cette manifestation? Ne parlons pas non plus des mesures prises à l’encontre des associations déjà existantes ou en voie de constitution. D’autre part, le pouvoir judiciaire est de plus en plus impliqué dans des affaires et/ou scandales politiques du gouvernement. Chose qui est tout à fait inconcevable dans un pays démocratique. Les poursuites engagées à l’encontre de journalistes, d’avocats, de syndicalistes et d’autres citoyens (japonais parfois) constituent des preuves irréfutables de la partialité du pouvoir judiciaire, et du danger que constitue un tribunal militaire ayant une juridiction sur les civils. Je passe outre tous les autres droits violés presque quotidiennement. Il serait presque inhumain de terminer cet article sans évoquer la situation des prisons: le seul désastre reconnu par le gouvernement (heureusement). Mais, on ne saura jamais ce que fait ce dernier afin de mettre fin au calvaire vécu chaque jour par des milliers de citoyens, dont certains seraient acquittés quand leur jugement adviendra. Le refus systématique des autorisations de visite requises par des associations et délégations internationales en dit long sur les intentions gouvernementales.

Pour conclure, il faut avouer que malgré les déclarations officielles alléchantes en matière de libertés et de démocraties, le tableau demeure sombre et il reste beaucoup à faire dans ce domaine au Liban. Le Comité des droits de l’Homme a soumis aux autorités libanaises des recommandations qui sont, incontestablement, le seul document de valeur élaboré depuis plusieurs années. L’issue la plus efficace demeure évidemment l’application rigoureuse de ces recommandations et leur intégration dans la politique gouvernementale. D’ici là, nous dirons incessamment aux autorités que le Liban ne remplit plus sa mission d’oasis de libertés dans son entourage à régimes autocratiques et que le pouvoir en place actuellement est très lointain d’une vraie démocratie.

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