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L’humble vertu de la constance

Published in L’Orient le Jour (French language daily newspaper in Lebanon)

Depuis plusieurs jours, l’on entend parler de l’affaire Mahmoud Rafeh. Au vu des accusations portées contre lui (espionnage, assassinats…), il n’est pas surprenant que cette affaire soit à la une des médias. Pour résumer, il y a eu une multitude de critiques (véhiculées essentiellement par la chaîne de télévision al-Manar) contre les associations des droits de l’homme qui ont dénoncé le laxisme des autorités gouvernementales et judiciaires libanaises à la suite des affirmations faites par l’intéressé à propos des traitements cruels et humiliants durant sa détention.

Au vu de ces critiques qui ont touché aussi bien les ONG internationales que libanaises, il semble opportun de clarifier ce qui suit :
  • Tout d’abord, les ONG des droits de l’homme ne s’expriment pas sur le degré de culpabilité ou d’innocence des victimes présumée de violations de droits de l’homme. Ces ONG doivent défendre aussi bien une personne innocente qu’un criminel notoire indépendamment de son implication (ou pas) dans le crime en question. Donc, que Mahmoud Rafeh soit un espion israélien, un assassin ou pas, ce n’est nullement le rôle des ONG des droits de l’homme de se prononcer sur cet aspect-là. Et les ONG critiquées ne l’ont pas fait d’ailleurs. Elles ont juste soulevé les allégations de torture que M. Rafeh a portées contre ses geôliers et dénoncé l’absence d’une enquête sérieuse et impartiale sur ces allégations.
  • Même s’il s’avère que M. Rafeh est un espion et un assassin, ce statut ne justifie pas les traitements cruels et inhumains (torture dans le langage courant) auxquels il semble avoir été soumis durant sa détention. Les engagements du Liban en matière des droits de l’homme sont clairs et contraignants pour le gouvernement libanais. Tous les criminels, y inclus les espions présumés, doivent jouir des mêmes garanties juridiques en vue de protéger leurs droits dont celui de n’être pas soumis à des traitements cruels et inhumains. Les responsables administratifs ainsi que les membres du corps judiciaire qui ne prennent pas les mesures nécessaires face à ce genre d’allégations seront eux-mêmes tenus pour responsables.
  • Il y va de la crédibilité de toutes les personnes et les institutions qui ont lancé et/ou adopté ces critiques de préserver un minimum de constance. Elles ne peuvent pas accepter les rapports des ONG des droits de l’homme quand ces rapports défendent leurs « hommes » ou leurs « causes » et les « lapider » quand ils ne vont pas dans le « sens souhaité ». Une ONG ne peut pas être « impartiale » dans un cas et « partiale » dans un autre cas. C’est soit l’un soit l’autre cas. Il faut cesser d’insulter l’intelligence des citoyens en accusant à tort et à travers dès que les ONG des droits de l’homme disent «ce qui ne nous plaît pas ».
  • En date du 28 août 2009, la chaîne al-Manar diffusait un talk-show avec le député CPL, Me Ziad Assouad. Ce dernier a minimisé la portée des allégations de torture, en considérant que la dimension de l’affaire est beaucoup plus importante que les allégations de torture. Me Assouad n’a même pas jugé opportun de défendre les ONG des droits de l’homme, les mêmes qui ont porté très haut l’affaire du 7 août 2001 quand les forces de l’ordre ont (littéralement) brisé le crâne du même Ziad Assouad (une fracture dont il doit souffrir jusqu’à maintenant d’ailleurs). Ces mêmes ONG, qui furent appréciées par Me Assouad et ses collègues au sein du CPL, ne doivent pas être sacrifiées sur l’autel des nouvelles alliances politiques. On peut changer d’avis politique, contracter de nouvelles alliances, etc, mais on n’a pas le droit de s’imposer des trous de mémoire et de les imposer aux gens. Rien qu’au nom de l’humble vertu de la constance.
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Dérapages incontrôlés

Published in L’Orient le Jour (French language daily newspaper in Lebanon)

La campagne menée récemment par les médias du Hezbollah contre l’humoriste Gad Elmaleh ravive des craintes qui ne peuvent pas passer sous silence.

L’historien français Hippolyte Taine recommande de n’avoir « d’intolérance que vis-à-vis de l’intolérance ». Et c’est justement sur la base de cet indispensable postulat que l’affaire Elmaleh doit être appréhendée. Parce que Gad Elmaleh, indépendamment de ses vues politiques, est une victime d’une intolérance absurde et détestable; voire destructive pour une entité libanaise composite, ou cohabitent une multitude de groupes ethniques et religieux. L’entité libanaise est l’antithèse même de l’intolérance. Elle doit rester tolérante ou cesser d’exister.

Elmaleh a été accusé par les médias du Hezbollah de plusieurs « crimes de lèse majesté ». D’abord, ce fut l’accusation, sur la base d’une photo qui s’est avérée être tronquée, qu’Elmaleh ait combattu, durant une certaine période, dans les rangs du Tsahal. Il fut également accusé d’avoir soutenu Israël, soit à travers des déclarations politiques ou sous des formes beaucoup plus sophistiquées (membre d’une association de bienfaisance pour les militaires …etc.)

S’il est vrai qu’Elmaleh n’a jamais caché ses sympathies pour Israël, il est tout aussi vrai que la manière dont cette affaire fut traitée est épouvantable. Non seulement à cause de la gravité de tels précédents dans la vie politique et culturelle libanaise mais aussi à cause de l’incapacité de la société civile au Liban d’influer sur le cours des choses au Liban.

Techniquement, Elmaleh est un citoyen français ayant obtenu un visa pour visiter le Liban. Toute atteinte à sa sécurité, ou même une intention de porter atteinte à sa sécurité (par le biais de menaces précédant son arrivée) est passible de poursuites judiciaires. Si Elmaleh n’est pas éligible pour obtenir un visa (à cause par exemple de sa participation à des opérations militaires contre le Liban, le strict minimum serait alors de lancer une enquête pour savoir comment le visa lui a été délivré et par qui ; et comment une personne ayant ce passé « hostile au Liban » (comme le prétend Al-Manar) ait pu obtenir un visa.

Mais l’affaire n’est pas technique. Elle est éminemment politique et culturelle.

Sa dimension politique réside essentiellement dans le précédent grave que constitue cette affaire. Dans les faits, un parti politique a pu empêcher – à travers une campagne de dénigrement et de menaces directes, donc en dehors du cadre légal- la venue au Liban d’un citoyen étranger (ayant obtenu un visa selon le règlement)…. à cause de ses prises de positions politiques en faveur d’un pays dont le gouvernement est hostile au Liban. Selon ces critères, tout visiteur aux Etats-Unis d’Amérique par exemple doit désormais endosser les guerres du Vietnam, de l’Afghanistan et de l’Irak. Selon ces mêmes critères, un citoyen qui soutient politiquement la Lybie ou qui contribue à une association bénévole au service des familles des martyrs de l’armée libyenne par exemple devrait être interdit de venir au Liban à cause de l’implication libyenne dans la disparition de l’Imam Moussa Sadr. L’on pourrait aussi interdire toutes les personnes qui soutiennent la Palestine de venir au Liban, étant donné les exactions commises par les groupes armés palestiniens contre des milliers de libanais durant la période 1975-1990. Tous les hommes d’affaires arabes qui versent d’une façon ou d’une autre des contributions à des associations caritatives étatiques (ou paraétatiques) syriennes doivent aussi être empêchés de venir au Liban, au vu des violations graves perpétrées par l’armée syrienne contre des civils libanais depuis 1976.

Au delà du précédent « politique », l’affaire Elmaleh porte un coup dur à la diversité culturelle en tant que fondement de l’entité libanaise. Un artiste de renommée internationale fut interdit de se produire à cause de ses prises de positions politiques. Indépendamment de la justesse ou non des dites prises de position, Gad Elmaleh se produit en sa qualité d’humoriste et non en tant qu’activiste politique. Et si Elmaleh est transparent en ce qui concerne ses avis politiques, d’autres artistes peuvent aussi avoir des affinités politiques similaires (ou pires), sans les exprimer toutefois. Alors comment juger qui inviter et qui ne pas inviter ? Les meneurs de la campagne anti-Elmaleh suggèrent-ils de scruter les affinités politiques de chaque artiste avant de l’inviter au Liban ? Dans ce cas, on devrait interdire les artistes, films, spectacles, séries télévisées et autres performances artistiques Turques, Françaises, Syriennes, Libyennes, Américaines…etc. à cause d’un contentieux politique avec le Liban à un moment donné de l’histoire. Imaginez ou peut nous mener cette politique…

Cet article se réfère à des comparaisons (au cas Elmaleh) un peu exagérées pour bien démontrer l’impact désastreux, aux niveaux politique, social et culturel de ces pratiques obscurantistes. Il est des précédents dont la portée est plus grave à moyen et long terme qu’à court terme. Ce n’est pas la fin du monde si Gad Elmaleh ne vient pas en juillet 2009 se produire à Beitteddine. Il viendra plus tard. Ce qui est bien plus grave, ce sont les conséquences de ces dérapages et le danger de les consacrer au niveau de la pratique politique.

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Une victoire par ruse

https://www.lorientlejour.com/article/593403/Une_victoire_par_ruse.html

Published in l’Orient le Jour (French language daily newspaper in Lebanon)

Presque tout le monde jubile ! L’accord de Doha est salué par l’écrasante majorité des personnalités politiques libanaises, arabes et étrangères. L’opinion publique est prise par un courant d’optimisme convoyé par tous les médias. Encore une fois, l’on porte atteinte à l’esprit critique du citoyen libanais. L’on cherche, par la ruse, à l’aveugler par les bienfaits d’un accord aux dimensions chimériques, un accord qui ne mérite même pas ce qualificatif. Ce n’est qu’un cessez le feu, important certes pour arrêter une guerre en bonne et due forme, mais qui n’est en aucun cas un règlement politique durable.

« Vainquons par valeur ou par ruse ; le succès sera notre excuse », dit le proverbe. Comment l’accord de Doha est-il une victoire par ruse et pas par valeur ?
  • C’est un accord qui porte atteinte à la souveraineté nationale puisqu’il ne fut pas possible sans les multiples interventions et bazars régionaux, voire internationaux. Aucune des deux parties du conflit n’était en mesure de prendre ses décisions d’une façon autonome. C’est un accord qui a été « cuisiné » par une délégation ministérielle représentant une dizaine de pays arabes. Toutes les demandes présentées par les représentants politiques libanais étaient qualifiées d’existentielles et de ligne rouge. Tous se plaignaient de la non-coopération des autres, certains pliaient bagages et voulaient rentrer. Soudain, la « dernière nuit » leur a porté conseil et un accord global, ignorant la plupart des « demandes existentielles », fut « imposé » aux uns et aux autres, comme par enchantement. Imposé par qui, pourquoi ? Personne ne le sait à ce stade. Mais la dynamique des cinq jours à Doha n’allait pas vers un règlement mais plutôt vers un échec. Les quatorze doivent nous expliquer pourquoi ils ont accepté d’oublier leurs « causes pour lesquelles ils luttaient à mort ». A tous les anciens chantres de la souveraineté, faut-il leur rappeler leur propre thèse que la souveraineté est comme la virginité et qu’il n’y a pas de demi-souveraineté ?
  • L’accord s’est fait au détriment de la vérité. C’est un règlement politique qui suit un round d’opérations militaires ayant causé la mort d’une centaine de personnes, des blessés et des dégâts matériels. Des opérations qui se sont accompagnées de violations graves du droit international. Comme par miracle, les baisers de Judas, les embrassades entres Seigneurs de guerre, les sourires moqueurs ont fini par faire oublier à ces gens leurs responsabilités. Cependant, on doit la vérité, tant aux morts qu’aux vivants. C’est la deuxième fois en 20 ans que la classe politique libanaise s’engage dans un règlement politique aux dépens de la vérité. Une première fois à Taef (et la triste loi d’amnistie de 1991) et une deuxième fois à Doha. On ne peut pas parler de règlement politique sans un processus «de vérité et de réconciliation ». Il est indispensable que le nouveau pouvoir issu de Doha s’engage, pourquoi pas dès la déclaration ministérielle, à lancer ce processus.
  • Ce nouveau règlement politique s’est fait aussi aux frais du processus constitutionnel et démocratique. Il amène un militaire à la tête de l’Etat moyennant une élection qui n’est pas conforme à la Constitution. Même si tout le monde s’emploie à justifier cette exception, toujours est-il que l’arrivée du Président Sleimane au pouvoir demeurera controversée. Mais là n’est pas le cœur du problème. Toute la classe politique au Liban n’est pas parvenue à assurer une transition pacifique et en temps dû du pouvoir civil. Ils se sont vus obligés d’entériner la candidature du commandant en chef de l’Armée. Indépendamment de ses compétences politiques (qui sont encore à prouver), c’est le signe inéluctable de l’échec de toute la classe politique libanaise qui n’est devenue qu’un « amortisseur de choc », une sorte de « machines à réactions », au lieu d’être en charge des rênes du pays et de la société. Parce que pour prétendre gouverner, il faut avoir la capacité d’entreprendre, d’initier, de proposer, de planifier, d’exécuter, de rendre des comptes…etc.. Des attributs perdus de vue depuis longtemps déjà de la vie politique libanaise. D’autre part, la société civile libanaise doit s’inquiéter du fait que les militaires sont toujours présentés comme les « sauveurs ». N’y a –t-il pas des personnalités civiles qui ont les capacités du General Sleimane ? Est-il vrai qu’il dispose de qualités introuvables chez les « gens du métier » ? Comment pourrait-on prétendre être un « oasis de démocratie » alors que l’on ne trouve que des militaires pour devenir présidents ?
  • D’aucuns se sont offusqués de certaines analyses qui affirmaient que le règlement de Doha ne va pas mener a une véritable dynamique communautaire de réconciliation et de la construction d’une paix durable. C’est vrai pour la simple raison que les protagonistes ont été incapables de discuter ne serait-ce qu’un seul des problèmes de fond qui accablent le Liban. Ils se sont démenés cinq jours durant pour un vulgaire partage du gâteau. Pour que ce cessez le feu dure et se transforme en vraie paix civile, il faut engager un processus de dialogue, pas seulement entre les quatorze « happy few », mais aussi entre les structures communautaires et sociétales libanaises sur les problèmes de fond.

L’expérience de Doha dévoile le besoin pressant d’un changement radical de la classe politique et des valeurs qui sous tendent la vie politique au Liban. L’occasion de 2009 commence à se pointer et il serait dommage, voire criminel, que la société civile libanaise et les citoyens en général ratent cette occasion. Certes ce changement peut être graduel. Mais il faut que 2009 constitue un tournant dans la vie politique, une sorte de leçon pour tous ceux qui aspirent à la députation et aux autres postes de la vie publique. Sinon, l’on devrait admettre que cette citation d’un certain Winston Churchill est hyper-pertinente : « Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre

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Definir les valeurs fondatrices pour reinventer le Liban

Published in L’Orient le Jour (French language daily newspaper in Lebanon)

L’acceptabilité au 1er Janvier 2008 – New TV:

Ghazy Aridi affirme que « les libanais sont soit des pions soit des victimes ». Que fait-il de son théorème, lui qui est ministre et un des piliers de la coalition au pouvoir ? Comment sanctionne –t-il les pions et comment protège-t-il les victimes ? Est-il rationnel de croire qu’un camp politique dans sa totalité est la victime de l’autre, dont les membres sont tous des pions ? Quelles seraient les raisons pour lesquelles on voudrait catégoriser les libanais de la sorte ?

L’esprit critique au 2 Janvier 2008 – NBN:

Hassan Nasrallah dit : « Nous sommes entrés au gouvernement en 2005 sur la base d’un accord politique global qui assurait la participation de toutes les parties ». Or cet accord politique (quadripartite) excluait complètement tout une composante du tissu libanais. Que s’est il passé après ? Un des principaux courants politiques chrétiens s’est rallié au Hezb et la majorité de ses cadres défendent aveuglément les options « résistantes » ; Tandis que les autres courants politiques se sont ralliés à l’axe Hariri-Joumblatt et défendent leurs bavures stratégiques et tactiques aussi aveuglément que les premiers.

L’intégrité au 2 Janvier 2008 –ANB:

Walid Joumblatt confirme qu’ « Après le départ de Emile Lahoud, il y a eu une réunion restreinte avec M. Hariri et Siniora au Sérail et nous nous sommes convenus d’amender la Constitution et de choisir Sleimane ». Quelle approche participative au sein d’une coalition qui se prétend être plurielle ! Cette révélation ne confirme-t-elle pas les plaintes du candidat Boutros Harb sur le mécanisme de prise de décision et la communication interne au sein du 14 mars ? Pourtant la plupart des chrétiens du 14 mars ont démenti les allégations de Harb et ont assuré qu’ils étaient partie prenante à la prise de décision. Personne ne veut réagir après les révélations de M. Joumblatt ?

La souveraineté au 2 Janvier – Damas :

Walid Moallem: « La Syrie et la France ont conclu (le 29 décembre) un accord sur un règlement global au Liban, y compris l’élection d’un président de consensus, la formation d’un gouvernement de l’unité nationale dans lequel chaque faction serait représentée selon son poids politique, et l’élaboration d’une loi électorale juste ». Pourtant le 13 décembre, le Général Aoun affirmait avoir été mandaté par l’opposition pour négocier avec la majorité. Comment la procuration s’est-elle transférée à Damas ? Quel rôle jouaient la France et la Syrie ? Quelle est et quelle sera la marge de manœuvre de chacune des parties libanaises dans ce cas ?

La cohérence politique au 4 Janvier 2008 – Arabya :

Marwan Hamadé confirme que « Nous sommes prêts pour un gouvernement d’union nationale mais nous n’acceptons pas le tiers de blocage pour que les ministres de l’opposition ne puissent pas intervenir dans les désignations des fonctionnaires, dans la privatisation, dans les modalités de fonctionnement du tribunal, dans l’application des projets dérivés de Paris 3…etc. » Quel serait donc le rôle d’un ministre et de quelle union nationale parlerait M. Hamadé ? Le recours à des chandeliers pourrait être plus efficace dans un contexte pareil. Il est essentiel pour un ministre d’être à la hauteur de ses fonctions et d’assumer pleinement ses responsabilités. Dans le cas contraire, on se retrouve face à une autocratie soigneusement décorée pour le plaisir visuel.

Le bon sens au 4 Janvier 2008 – Al-Manar:

Wiam Wahhab annonce « Œil pour œil et dent pour dent, ce sera notre devise dorénavant avec M. Joumblatt ». Quelle bonne nouvelle justement ? M. Wahhab ne ménage aucun effort pour démontrer ses talents « d’Homme d’Etat ». Comment veut-il « reconstituer un pouvoir national » avec de telles devises ? Parle –t-il en l’occurrence d’un zoo à Jahilya ou de l’Etat libanais ? Qu’en pensent ses compagnons de « réforme et de changement » de cette devise ? N’est-ce pas une incitation au crime ? Ou est le procureur général ?

La responsabilité au 4 Janvier 2008 – New TV:

Jihad Azour clame qu’il « n’est pas responsable des dépenses du CDR » en réponse à une question portant sur un décret signé par M. Azour lui-même, allouant une somme de 800.000 dollars pour l’entretien du stade municipal de Saida ; dont le CDR ne s’occupe plus depuis 30 mois et qui fut pris en charge depuis par la municipalité de la Ville, qui, elle, ne touche aucun sou pour en assurer l’entretien. Huit cents mille dollars évaporés à cause de la signature d’un ministre qui affirme en public qu’il n’est pas responsable du contenu d’un décret qu’il a lui-même signé. No comment !

Rien que durant les 4 premiers jours de 2008, voici 7 messages « subliminaux », dont l’année 2007 fut pleine. Jamais on n’aurait vu au Liban pareille décadence politique. Indépendamment de leur contexte chronologique, ces 7 messages (dont les auteurs ne sont nullement visé par cet article en tant que personnes) parvenus aux libanais sont assez significatifs et démontrent que la totalité des courants politiques libanais (et de leurs affiliés) se sont résignés, volontairement ou pas, à muter le travail pour la chose publique en une activité machiavélique sans foi ni loi.

A la lumière de ce qui précède, force est de se demander si on peut réinventer un Liban en l’absence d’une définition de valeurs fondatrices. Comment le Liban pourrait sembler s’il est « rabâché » à la va vite sans une exploration en profondeur des valeurs communes qui doivent constituer la base d’un « Nouveau Liban ». Nombreux sont les libanais qui aspirent à un Liban bien différent de celui d’aujourd’hui. Nous entendons des appels incessants à « revoir le pacte », à « trouver un nouveau compromis politique », à «refonder les bases politiques »…etc. Soit ! Mais aucune reconstruction politique ne produira l’effet escompté sans un consensus sur une échelle de valeurs qui devrait soutenir le tant attendu nouvel édifice politique.

Les valeurs précitées ne sont surement pas exhaustives. Ce ne sont que des exemples péchés à travers quelques déclarations déchainées. Dans ce qui suit leurs significations dans le contexte politique libanais :

Le Liban est un pays pluraliste et assez hétérogène. C’est évidemment une richesse mais afin de la maintenir, il faudrait que les libanais passent du stade de la « tolérance forcée » de l’autre au stade de « l’acceptabilité éclairée », qui suppose une résolution autonome de chaque composante du tissu libanais d’accepter l’autre en sa totalité et son unicité, à prendre en compte ses ambitions, ses attentes, ses peurs…etc. Donc il faut éviter les catégorisations totalitaires des libanais (pions ou victimes, nobles ou collaborateurs, intègres ou corrompus, souverainistes ou pro-syriens…etc.).

En optant pour une approche qui consiste à alimenter les craintes ou même à en créer quelques unes (assassinats, implantation, crises existentielles, besoin de survie…etc.), en pratiquant une politique de l’émotionnel (populiste, démagogique…), la plupart des leaders politiques ont réussi à paralyser les esprits de l’opinion. Le danger n’est pas tant d’embarquer l’opinion à l’occasion d’événements-clés, mais surtout de confisquer le potentiel de questionnement. Sans doute, ces mêmes politiciens ne réalisent-ils pas que sans esprit critique, toute formation politique est vouée à un déclin spectaculaire, une fois que les motifs de l’accaparation des esprits sont évaporés.

Probablement, l’intégrité politique, synonyme d’une conduite irréprochable, n’existe pas. Néanmoins, il faut espérer pour une certaine « intégrité en politique », afin de maintenir un minimum de respect. Est-ce chimérique de demander que la vérité soit uniformisée et généralisée pour tous et qu’elle ne subisse aucune altercation ? Même si Bernard Tapie, auteur de la fameuse « Il faut dire aux gens ce qu’ils ont envie d’entendre sans jamais leur mentir » ne constitue pas le meilleur exemple d’intégrité en politique, il n’en reste pas moins que sa citation est d’actualité.

Une et indivisible, la « souveraineté politique », ou l’exclusivité de la compétence de décision ne peut pas être relative. La période de l’après 2005 a montré que la grande majorité des échéances politiques libanaises ne se seraient jamais accomplies sans ingérences ostentatoires. Et tout cela s’est passé avec le consentement de cette même classe politique qui ne cesse de clamer son adhésion au principe de souveraineté.

S’abstenir d’agir en oppositions à nos dires, c’est comme ca que la valeur de la « cohérence politique » sera confirmée dans les mœurs politiques libanaises. A défaut de le faire, l’opinion va être toujours leurrée.

Le discours et les programmes politiques doivent se baser sur le « bon sens ». En général, tout discours a une implication politique. Au Liban, certaines implications peuvent causer des dégâts et avoir des conséquences désastreuses. Opter pour des choix du bord de gouffre, clamer que les batailles, guerres et actions politiques ne se mesurent pas à leurs pertes (humaines ou matérielles) mais à leurs résultats (mêmes contestés), c’est sortir des sentiers du bon sens pour frôler les bords de la folie politique.

Ca fait longtemps que la notion de « responsabilité » est faussée au Liban. On n’a presque jamais vu un politicien proprement et justement sanctionné. Les justificatifs sont toujours trouvés, soit par la personne même, soit par les leaders qui la soutiennent. L’objectif ultime est toujours de se dérober de sa responsabilité et pour le réaliser, tous les chemins sont permis.

Ces valeurs et tant d’autres que les citoyens libanais sont appelés à définir, sont complémentaires et interdépendantes. Et le plus important c’est que nous n’avons que jusqu’au printemps 2009, date des élections législatives, pour les trouver et les mettre en application.

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Vacance au pouvoir ou pouvoir en vacances ?

https://www.lorientlejour.com/article/578496/Vacance_au_pouvoir_oupouvoir_en_vacances%2B_.html

Published in L’Orient le Jour (French language daily newspaper in Lebanon)

Le scoop de ces derniers jours est certainement le vide survenu au niveau de la Présidence de la République suite à la fin du mandat de M. Emile Lahoud.

Tout le monde parle du “vide”, analyse la “vacance au pouvoir” disserte sur les raisons et les conséquences du “vide”…etc. Comment définit-on le vide ? Est ce que le vide est-il seulement au niveau présidentiel ? Les autres sphères du pouvoir sont elles mieux garnies que la Présidence ? A qui imputer la responsabilité de la situation actuelle ?

Force est de constater que, depuis le déclenchement de la dynamique internationalo-régionalo-locale en faveur du retrait des forces armées syriennes, toutes les parties ont plus ou moins contribué à la « construction » d’un vide, que tout le monde s’emploie maintenant à maudire.

Par définition, le vide « n’est pas un état où il n’y a rien, mais un état dont on ne peut rien tirer ».

Au niveau gouvernemental, le vide s’est caractérisé depuis 2005 par l’inaction volontaire du gouvernement dans des domaines cruciaux, tels que la construction d’un pouvoir judiciaire impartial et indépendant, le changement de la politique actuelle vis-à-vis des violations des droits de l’Homme, la réforme administrative, la restructuration des services de sécurité et la cessation de leur impunité…etc. Aucune des raisons évoquées par le gouvernement et les parties qui le soutiennent (blocage de l’opposition, crises existentielles, priorité du tribunal…etc.) ne justifient cette série de pêchés politiques dans les domaines précités. C’était les prémices du vide !

Quant au parlement, l’image n’est pas plus brillante. L’opposition assume dans ce cas une responsabilité majeure ; celle d’avoir poussé et accepté que cette institution mère soit paralysée pour des considérations politiciennes. Même avant la mise en quarantaine de la Chambre, l’opposition n’a jamais défié les ministres ou le gouvernement dans le cadre d’une action parlementaire sérieuse et visant des résultats concrets.

Au niveau présidentiel, M. Lahoud fut le pionnier de la construction du vide, déjà en acceptant une prorogation anticonstitutionnelle de son mandat. Il s’est auto-marginalisé et a créé une situation ou le pouvoir exécutif fonctionnait pratiquement depuis l’été 2005 sans la Présidence de la République.

De ce qui suit, il est clair que le vide n’est pas limité à la seule magistrature suprême et n’a pas commencé le 24 novembre 2007. Le vide s’est installé et développé au fur et à mesure depuis le 15 mars 2005 quand les leaders politiques traditionnels ont confisqué à l’avance les fruits du changement qui commençait à avoir lieu au profit de leurs agendas et/ou ambitions privées.

Mais le plus triste c’est que déjà en 2005, les libanais ont raté l’occasion de sanctionner cette classe politique éthiquement corrompue. Ce vide létal ne se remplira pas par l’élection d’une personne, quelle qu’elle soit. Ce n’est que si en 2009, la raison des électeurs libanais l’emportera sur leurs émotions instinctives, que nous commencerons à renverser la barre et à commencer un processus visant à produire une nouvelle classe politique, jeune, engagée, transparente et compétente.

«Très souvent, au cours de notre existence, nous voyons nos rêves déçus et nos désirs frustrés, mais il faut continuer à rêver, sinon notre âme meurt » dixit Paulo Coelho (Le pèlerin de Compostelle).

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Une question de choix

https://www.lorientlejour.com/article/564205/Une_question_de_choix_.html

Published in l’Orient le Jour (French language daily newspaper in Lebanon)

Le profond clivage politique actuel génère une multitude d’analyses tantôt le liant à des axes régionaux et tantôt à des calculs politiques internes. Cependant, on lit très peu d’analyses sur l’impact difficilement irréversible des pratiques politiques actuelles sur l’échelle des valeurs et le développement politique de la (fragile) démocratie libanaise. Malheureusement, cet état de fait n’est pas l’apanage d’un seul groupement/pole politique. Il est facilement identifiable au niveau de l’ensemble de la classe politique, toutes tendances confondues. Le sommet de l’absurdité réside dans les justifications que quelques “théoriciens” de l’établissement politique essayent d’imprégner à l’opinion publique. En identifiant le plus petit dénominateur commun, on réalise que toutes ces justifications tournent autour de causes “existentielles”, “fatalistes”…. Bref, c’est le destin qui est toujours en jeu. A écouter ces théoriciens, on a souvent l’impression que ce n’est pas “leur” choix politique, mais qu’ils ont été “acculés” à adopter une position déterminée suite aux pressions émanant de «l’autre partie». Donc c’est toujours la faute aux autres, comme c’est le cas au niveau des dictatures les plus vulgaires. L’une des calamités du monde arabe est d’avoir lié son potentiel de réforme et de développement à une “cause existentielle”. Le résultat est bien évidemment un retard considérable (à tous les niveaux), auquel s’ajoute une défaite cuisante au niveau de “la cause”, éternel décor de la rhétorique depuis 1948.

Les Arabes n’ont pas seulement essuyé un échec dans leur lutte contre Israël, mais ils ont aussi surtout contribué à leur propre sous-développement. Evidemment, au Liban la “cause” n’est pas la même. Elle est “vérité”, souveraineté”, “liberté”, “démocratie” pour les uns, et “participation”, “arabité”, “résistance à l’occupation”, “éradication de la corruption” pour les autres. On tient toujours à nous faire comprendre qu’aucune solution n’est envisageable (tant du coté de la majorité que celle de l’opposition) avant la “victoire totale”. Entre-temps, les libertés continuent à être bafouées, la sécurité malmenée par les calculs politiciens. Tout ne s’arrête pas la ; En effet le droit élémentaire à la vie reste sous la coupe des fantômes, la justice est pratiquement bloquée, les réformes (politiques, sociales, économiques, culturelles..) gelées, la bonne gouvernance reléguée aux oubliettes, la révélation des horreurs de la guerre et la vraie “vérité et réconciliation” ignorée, le plan pour améliorer la situation des droits de l’Homme promis pour le 24ème siècle…etc. Mais cela va sans dire qu’on continue à lutter pour la « cause ». En attendant, on se permet (et l’on justifie sans aucune pudeur) une politique de bout de gouffre, une maximisation à outrance de la tension politique, la diffusion d’une culture de haine et de trahison, un éloignement généralisé des pratiques démocratiques saines…etc.

Comme si la démocratie n’est valable qu’en période de sérénité. A travers cette logique, on rejoint celle des pires dictatures qui justifiaient leur répression et leur sous-développement par la “guerre”, la “crise”, la “cause”, la “lutte”… Une société lucide n’accepterait jamais que l’on bloque la vie constitutionnelle, les institutions exécutives et législatives et le pouvoir judiciaire. Elle n’accepterait pas pour autant que l’on dénie le principe de la démocratie consensuelle (éternellement essentielle pour le cas libanais), de la réforme des organes de sécurité, de la lutte contre la corruption, que l’on ajourne sine die le processus de “vérité et réconciliation”… tout cela en prenant pour excuse la “cause”, quelle que soit cette cause. A chaque fois que l’on positionne l’accomplissement de la “cause” en porte à faux avec les pratiques démocratiques, on revient à l’ère obscurantiste, totalitaire. Il n’est pas vrai que nous n’avons pas le choix et que nous sommes victimes de notre destinée. Tout compte fait, pour les simples citoyens ce n’est qu’une question de choix; un choix qui devrait absolument justifier les comptes dans les urnes tout au plus dans deux ans ! A bientôt.

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Voici les Peres Censeurs

https://www.lorientlejour.com/article/559866/Voici_les_Peres_Censeurs_.html

Published in l’Orient le Jour (French language daily newspaper in Lebanon)

Question de base: la fin justifie –t-elle les moyens? Evidemment que non, surtout si c’est L’Eglise qui est le décideur. La mission de l’Eglise est, entre autres, de témoigner de la vérité, d’agir en gardienne des valeurs chrétiennes…etc. Ainsi soit-il! Mais est ce que pour faire promouvoir une de ces valeurs (la moralité), on peut mettre en péril une autre, (la liberté d’expression), toute aussi basique et inhérente à la religion chrétienne? Tout en admettant que la photo publiée par “Voici” soit déplacée, il est surprenant que la demande des organes médiatiques dirigés par l’Eglise catholique au Liban ne soit pas moins que “l’interdiction pure et simple” d’une publication, en tous cas peu populaire au Liban. Et même si l’on interdit “Voici” du Liban, que ferait-on de l’accès aux informations, de nos temps illimité du fait des nouvelles technologies? Au delà l’absurdité de la demande elle-même, l’identité des initiateurs de ce mouvement “en faveur de la censure” est aussi choquante que leurs propos. La plupart sont des ténors de l’information religieuse et ils ont à plusieurs reprises défendu le droit à la libre expression; quand les circonstances politiques faisaient de ce droit élémentaire une cible privilégiée des organes de sécurité, ces mêmes organes qu’ils appellent aujourd’hui à interdire une publication. N’ont-ils pas pu se contenter d’organiser des mouvements “civilisés” de protestation, en ligne avec les valeurs chrétiennes, sans pour autant tomber dans les piège de la censure? L’Eglise est appelée aujourd’hui à affirmer son adhésion aux valeurs chrétiennes de liberté, à dénoncer avec vigueur toute tentative à faire de la censure une demande chrétienne, à jouer son rôle de gardienne des valeurs sans couvrir les obscurantistes; bref à corriger un pêché commis par action sous peine de pêcher par omission.

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L’injustice d’une justice sélective

Published in l’Orient le Jour (French language daily newspaper in Lebanon)

Il semble que la débâcle politique auquel nous ont mené nos politiciens-de tous bords- ne suffit pas. Certains d’entre eux ont fait récemment une « entrée en force » dans le domaine des droits de l’Homme, une entrée tant souhaitée avant 2005 mais qui commence à susciter quelques regrets tant la performance de ces politiciens, même dans ce domaine humanitaire par excellence, laisse à désirer. Durant les semaines écoulées, il y a eu deux incidents majeurs qui contribuent à ce sentiment. La première concerne la politico-médiatisation puis la gestion de l’affaire de la fosse commune de Halate. L’autre exemple n’est autre que les récentes poursuites judiciaires contre quelques anciens responsables des Forces Libanaises pour des actions commises durant la guerre.

Même si l’objectif annoncé de telles initiatives est de dévoiler la vérité sur ce qui s’est passé durant la guerre, il n’en reste pas moins que le plus grand travail de sape que quelqu’un pourrait entamer contre le processus – nécessaire et indispensable – de la vérité et de la réconciliation consiste en une manipulation politique (dont la sélectivité) à outrance et/ou en une mauvaise gestion. Une instauration inconsistante de la justice mènera à rien moins que de nouvelles injustices et préparera le terrain à une nouvelle guerre. Si l’objectif ultime de tout processus de « vérité et de réconciliation » est de dévoiler les vérités sur des atrocités commises durant un conflit déterminé et de restaurer la dignité des victimes et/ou de leurs familles, les résultats de tels processus sont considérés comme la base de la réconciliation et de la stabilité, la pierre angulaire de la « construction de paix » dont témoignent les pays après la fin des hostilités. Ces commissions sont des agents d’une transformation sociale en préparation, avec d’autres facteurs bien sur, à la stabilité souhaitée.

Il est de notoriété publique que tous les partis libanais et non libanais, ainsi que les forces armées libanaises et non libanaises ayant pris part à la guerre ont commis des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des violations importantes des droits de l’Homme. Mais de la à entamer des procédures judiciaires contre un seul de ces partis, c’est encourager ouvertement à un avortement de ce processus à ses débuts. Dans les autres pays, lors de l’établissement des commissions « vérité et réconciliation », il est clairement défini dans leurs mandats que les enquêtes doivent porter en même temps sur les violations commises par tous les groupes paramilitaires (milices) ainsi que sur les violations commises par les forces armées régulières et les forces pro-gouvernementales. L’objectif n’est surement pas vindicatif mais uniquement pour s’assurer que tous les protagonistes sont soumis aux dispositions de la commission et que la justice ne sera pas appliquée sélectivement. Autre précision importante : les mandats des dites commissions doivent, selon les pratiques au niveau international, couvrir aussi les violations graves des droits de l’Homme au même titre que les crimes de guerre. Dans le cas libanais, il est indispensable de :

1) lancer un tel processus dans le cadre d’un partenariat entre le parlement, la justice, la société civile ainsi que les organisations internationales spécialisées.

2) Mener ce processus depuis le début jusqu’à sa fin, selon les normes internationales et loin des manipulations politiques et médiatiques

3) Faire en sorte que ce processus englobe les crimes et guerre ainsi que les violations des droits de l’Homme et qu’il soit appliqué à tous les protagonistes sans aucune exception

Ces trois conditions nécessitent des contextes politique, social, sécuritaire et judiciaire stables et favorables. A évaluer les données d’aujourd’hui, il est clair qu’il faut encore quelque temps avant de réunir les facteurs nécessaires au lancement de ce processus. Entretemps, politiciens s’abstenir ! Ne créez pas de nouvelles injustices en prétendant instaurer la justice.

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Derives et responsabilites

https://www.lorientlejour.com/article/550100/Derives_et_responsabilitesDr_Elie_ABOUAOUN.html

Published in l’Orient le Jour (French language daily newspaper in Lebanon)

S’il y a un consensus quelconque entre les différentes factions politiques, c’est autour de l’idée que la crise politique que traverse actuellement le Liban est cruciale voire existentielle. Cette évaluation gravissime de la situation n’est cependant pas caricaturée. Néanmoins et vue d’une autre perspective, la crise constitue à la fois un intérêt et une “situation à risques” pour les ONG des droits de l’Homme. L’appel lancé par plusieurs partis et courants politiques de l’opposition à leurs sympathisants afin de camper au Centre Ville de Beyrouth et d’exercer une pression sur le gouvernement continue à susciter des réactions mitigées, allant de la justification d’une telle démarche (liberté d’expression) jusqu’à sa condamnation à cause des dégâts économiques et du risque d’escalade (et donc de victimes civiles) que ça pourrait générer. Les organisateurs du sit-in ont assuré publiquement et à plusieurs reprises que leur mouvement est pacifique ; mais les faits ont montre que les dérives sont toujours possibles. Ce qui s’est passé pendant deux jours en janvier réfute la thèse selon laquelle cette tension ne va pas générer en confrontations. Cependant, la période de l’après fêtes fut celle des nouvelles mesures d’escalade et éventuellement des contre mesures loyalistes. Les surenchères médiatiques de part et d’autre étaient intenses et agressives. Le pays courait un risque réel de passer d’une phase durant laquelle le droit à exprimer librement son opinion fut exercé d’une façon presque exemplaire à une autre phase d’agressions et de contre agressions. Malgré les pertes humaines et matérielles, le pouvoir judicaire n’a pas été interpellé pour déterminer les responsabilités et décider des sanctions.

Les propos injurieux et calomnieux sont des actes préjudiciables et doivent faire l’objet de sanctions sévères, surtout quand ils tendent à “généraliser” (l’assimilation de toute une communauté à la position d’un leader issue de cette même communauté). S’il est vrai que la liberté d’expression n’a de limites que celles “établies exclusivement par la loi”, toujours est-il que la dignité des autres reste une limite éthique qui doit régir l’exercice des libertés individuelles. D’autre part, toute déclaration et/ou accusation qui mettent en cause la sécurité d’une tierce personne (ou d’un groupe de personnes) n’est autre qu’une incitation au meurtre.

D’un point de vue “droits de l’Homme”, et sans analyser les conséquences politiques du mouvement de l’opposition, notre seul intérêt réside dans le maintien de la nature pacifique de tout mouvement populaire, qu’il soit opposant ou loyaliste. Et dans ce cadre, il nous importe de rappeler que le champ de responsabilité en cas de dérive n’est pas uniquement limité aux organisateurs mais s’élargit pour atteindre les leaders politiques et les faiseurs d’opinion en général. Par le terme “responsabilité”, l’on entend “la nécessité morale, intellectuelle ou juridique de remplir un devoir, de satisfaire un engagement ou de réparer une faute”. Bien qu’imprécise, cette définition permet de comprendre pourquoi la responsabilité est si souvent mobilisée dans des situations pareilles: elle constitue un des moteurs essentiels des actions humaines, individuelles ou collectives, même quand elles se déroulent dans la sphère publique (bien que ce concept soit inhabituel au Liban). Par conséquent, la responsabilité n’est pas circonscrite au champ juridique. Elle est également politique et morale.

Donc pratiquement, l’adoption de nouvelles mesures (opposantes ou loyalistes) n’a pas été en ligne avec les normes internationales de l’exercice de la liberté d’expression. Tout appel à une manifestation qui “risque” de sortir de son cadre pacifique fait assumer aux organisateurs une responsabilité directe. De même, tout appel à contrer une manifestation par une autre et dont le déroulement “risque” de provoquer une friction entre les deux masses constitue aussi une forme “d’incitation à la violence”. Enfin, toutes les mesures que les autorités sont appelées à prendre doivent respecter les engagement internationaux du Liban, notamment en terme de protection des manifestants, des biens privés d’autrui, des bien publics, et de l’usage proportionnel de la force en cas de dérive. Les leaders politiques ne doivent pas se contenter “d’évoquer la nature pacifique d’une manifestation”. Ils doivent aussi procéder à une évaluation rationnelle des risques et tout faire pour éviter les dégâts matériels et surtout humains.

Les responsabilités sont dont partagées à part égales entre les partis loyalistes, les partis de l’opposition ainsi que les autorités. Dans des cas pareils de dérive, nul ne pourra se prémunir ni “de droit à la liberté d’expression” ni de son “droit à défendre le gouvernement”, encore moins de son devoir de protéger les biens publics ou privés. Le jugement sera sévère et irréversible.

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Droits de l’Homme, Liberte d’expression encore et toujours

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Droits de l’homme Liberté d’expression … encore et toujours

Cette rubrique a pour objectif de dévoiler une violation des droits de l’homme au Liban (chronique ou d’actualité) et d’identifier la référence correspondante dans la charte internationale des droits de l’homme ; le but étant de sensibiliser les lecteurs, plus particulièrement les jeunes et les étudiants, à des thématiques souvent occultées ou mal comprises.

Que les…