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La liberté d’expression – Cas des caricatures danoises

Published in l’Orient le Jour (French language daily newspaper in Lebanon)

Suite aux publications successives (septembre et décembre 2005) de caricatures associant le prophète Mahomet et la religion musulmane au terrorisme, une série de protestations furent organisées partout dans le monde, soit pour dénoncer les atteintes aux symboles religieux de l’Islam, soit pour défendre le respect absolu de la liberté d’expression. Dans ce cadre, plusieurs demandes (certaines émanant de gouvernements) exigeaient des excuses de la part du gouvernement Danois et « une législation internationale interdisant l’atteinte aux symboles sacrés de l’Islam ».

Si face à cette polémique les ONG des droits de l’Homme ont adopté une position considérant les caricatures comme humiliantes (pour certaines) et racistes (pour d’autres), ces mêmes ONG ne pouvaient pas souscrire aux demandes d’excuses officielles exigées du gouvernement Danois. Sur le fond, il est clair que certaines des caricatures tournaient en dérision des valeurs/croyances religieuses musulmanes -chose généralement tolérée en Occident même quand ça touche des croyances chrétiennes ou autres- et donc avaient une portée humiliante. Mais le plus grave, et la ou la violation est plus évidente et plus grave, c’est l’amalgame qu’une partie des caricatures crée entre les adeptes d’une religion – l’Islam en l’occurrence- et des activités terroristes souvent revendiqués par des groupes politiques islamistes. C’est une sorte de jugement collectif donc que ces caricatures lancent contre un groupe déterminé sur la base du comportement d’une minorité appartenant idéologiquement à ce même groupe. Toujours est-il que ces caricatures ont été publiées par une entité relevant d’une entreprise privée.

Par conséquent, le gouvernement Danois ne pouvait pas être tenu responsable de la publication des ces caricatures. Le premier ministre danois a fait savoir, publiquement, sa désapprobation. Une instance gouvernementale ne pouvait pas aller plus loin dans un Etat de droit. Toute action gouvernementale autre que celle-ci serait une atteinte à la liberté d’expression. Ceci ne veut pas dire que la Justice Danoise ne pouvait pas être saisie du cas. Une procédure judiciaire aurait pu déboucher sur une condamnation de la publication pour « dessins racistes et/ou humiliants ». Un recours à la Cour Européenne des droits de l’Homme aurait été possible aussi si les plaignants, après avoir épuisé tous les recours juridiques nationaux, n’obtiennent pas gain de cause. En fin de compte, et loin du débat sur l’opportunité et l’efficacité de saisir la justice, ce genre de polémiques doivent pousser les sociétés civiles Orientales et Occidentales à approfondir le dialogue entre les cultures, tout en renonçant aux actions violentes comme celles qui ont caractérisés les protestations organisées dans la plupart des pays arabes et musulmans suite à la publication des ces caricatures.

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Les fosses communes – Le cas Libanais

https://www.lorientlejour.com/article/520986/Fosses_communes%253A_le_cas_libanais.html

Published in l’Orient le Jour (French language daily newspaper in Lebanon)

Selon le Rapporteur Spécial de l’ONU pour les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, les “charniers” sont des endroits où trois ou plusieurs victimes d’exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ont été enterrées sans être décédées au combat ou lors d’affrontements armés. La troisième et quatrième convention de Genève et le premier protocole régissent l’enterrement et l’identification des victimes de guerre. Les prisonniers de guerre décédés par exemple, doivent être enterrés convenablement et doivent être clairement identifiables, Mais le droit d’exhumer des charniers n’est pas clair dans le droit international. La résolution 3074 (1973) de l’Assemblée Générale des Nations Unies appelle les Etats à coopérer dans les enquêtes sur les crimes de guerre. Un gouvernement normalement n’a pas à « autoriser » la recherche de charniers. Durant les 20 dernières années, des charniers ont été découverts en Argentine, au Guatemala, au Salvador, au Honduras, en Ethiopie, au Mexique et en Irak. Par ailleurs, tous les charniers dont on soupçonne l’existence n’ont pas nécessairement été créés en violation des Conventions de Genève et de leurs Protocoles Additionnels. Il est concevable que certains contiennent les corps de soldats combattants enterrés dans une fosse commune pour des motifs d’ordre sanitaire ou pour d’autres raisons légitimes.

De la même façon, certains pourraient contenir les corps de civils enterrés ensemble pour des raisons légitimes Les Conventions de Genève contiennent plusieurs dispositions relatives au traitement et à l’inhumation des personnes tuées en temps de guerre. Dans certains cas, ces dispositions pourraient avoir été violées par ceux qui ont enterré les morts dans des fosses communes sans les avoir correctement identifiés. Donc, un charnier peut revêtir une importance parce qu’il pourrait renfermer des preuves de massacres, mais la méthode et les moyens utilisés pour créer la fosse commune peuvent également constituer un crime de guerre. C’est donc en étayant les dépositions de témoins et en considérant les découvertes et les circonstances de création de chaque charnier qu’on établit des éléments de preuve solides démontrant que des crimes comme des exécutions sommaires ont été commis. Comme les exhumations ne doivent être réalisées que dans le cadre d’une enquête, les enquêteurs doivent être en possession de certaines informations concernant des charniers susceptibles de les intéresser. Malgré le fait que l’anthropologie médico-légale est une science jeune, les experts médico-légaux disposent de techniques leur permettant d’établir la date et la cause du décès, même en présence de restes très anciens. Ces tests, combinés à des enquêtes et examens non médico-légaux, permettent aux enquêteurs de distinguer les sites éventuellement liés au conflit de ceux dépourvus d’intérêt. Les témoins (reporters, civils, parents, ONG…etc.

Qui découvrent un charnier ne sont pas supposés agir sur le site, surtout que dans certains cas les sites sont minés ou contiennent des obus non explosés. Une activité d’amateurs pourrait détruire des preuves importantes. Cette tache doit incomber à une équipe de professionnels sous supervision internationale (le CICR, le Haut commissaire aux droits de l’Homme des Nations Unies ou des ONG spécialisées comme Physicians for Human rights) Avant de commencer une exhumation, lorsqu’ils essayent d’identifier un site, les experts médico-légaux se rendent au préalable sur un site éventuel. Ils utilisent du matériel de haute technologie, comme des instruments de cartographie électronique permettant de prendre les mesures et d’établir la carte exacte de l’ensemble du site, des artefacts, des restes humains et d’autres objets. L’équipe sonde l’endroit pour essayer de repérer la présence de corps et de déterminer la taille du charnier et de calculer son périmètre. La position des corps peut contribuer de manière déterminante à établir comment les victimes ont été tuées et leurs corps évacués. Il est également possible de découvrir si les victimes ont dû s’aligner avant d’être abattues, quel était l’angle de tir et si des bulldozers ont charrié les corps dans le site après l’exécution. Une fois les préparatifs terminés, l’excavation est entamée à l’aide d’une pelle rétro caveuse si l’endroit est accessible aux engins lourds. Cette pelle enlève de minces couches de terre jusqu’à ce que le niveau des corps soit atteint. Si le site est inaccessible, la terre est d’abord enlevée à la main sous la surveillance de l’équipe médico-légale. Lorsque les ouvriers se rapprochent de l’endroit où les corps sont enterrés, ils cèdent la place aux experts médico-légaux. Ceux-ci déterrent les restes en creusant à l’aide de petits instruments pour veiller à ce qu’aucun élément de preuve ne soit endommagé ou déplacé. Ils recherchent et récupèrent également des objets tels que des dents – celles-ci peuvent contribuer de manière déterminante à l’identification de personnes – et des effets personnels. De plus, les enquêteurs recueillent tout autre élément de preuve pertinent, comme des douilles et des balles. Ils examinent également le site aux alentours du charnier pour déterminer s’il existe des preuves d’une exécution en masse.

Enfin, l’équipe prélève avec prudence des échantillons de restes de plantes et d’insectes, dont l’examen contribuera à déterminer la date du décès. Toute la procédure d’exhumation est enregistrée sur photos et vidéos. Les restes et autres éléments de preuve exhumés sont envoyés à un laboratoire médico-légal où ils sont analysés. Au laboratoire, les restes sont d’abord passés aux rayons X et une autopsie médico-légale est ensuite effectuée dans le but d’identifier la victime, de déterminer ses blessures et d’établir la date et la cause du décès. Pour identifier une victime, les pathologistes s’efforcent de déterminer la taille de la personne décédée, son sexe, son âge…Les os peuvent révéler la cause du décès. L’angle de pénétration des balles et les blessures existantes peuvent révéler la manière dont une victime a été tuée. Une série d’impacts de balles à un endroit particulier, à la base du crâne par exemple, peut témoigner d’une exécution massive plutôt que d’un décès au combat. Durant l’autopsie, des sections du fémur peuvent être recueillies pour procéder ultérieurement à une analyse de l’ADN en vue de procéder à une identification définitive. L’identification est facilitée par l’examen de la dentition de la personne décédée. Les enquêteurs médico-légaux recueillent également les parties des vêtements de la personne qui pourraient faciliter le processus d’identification.

Une fois cette analyse scientifique approfondie terminée, un rapport d’autopsie est rédigé. . L’analyse d’autres éléments de preuve déterrés du charnier, comme des balles, des fragments de balles ou des douilles est également effectuée par un laboratoire chargé de procéder à l’analyse des armes à feu et des traces laissées par les instruments. Les succès au niveau international varient d’un pays à l’autre. La destruction, le manque de preuves ou les dégâts causés par les phénomènes naturels sont des facteurs déterminants pour que des résultats finaux soient confirmés. Dans le cas du Liban, la situation semble être complexe. Afin d’éviter des erreurs dont les conséquences pourraient être dramatiques, il est nécessaire qu’un mécanisme soit mis en place afin d’identifier tous les sites suspects. Ensuite, des équipes pluridisciplinaires mixtes (formes de professionnels libanais et non libanais) doivent être chargées d’enquêter et de déterminer les charniers relevant de crimes de guerre et de prendre les mesures nécessaires, dans le respect de la dignité des victimes, de leurs familles et du principe de non impunité. Le droit international ne tolère aucun compromis à ce niveau puisque les crimes de guerre sont imprescriptibles.

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D’état et de milices

Published in l’Orient le Jour (French language daily newspaper in Lebanon)

Rien qu’à observer l’évolution du contexte politique international et régional, les libanais, connus pour être « politisés jusqu’au bout », comprendront les messages clairs du Hezbollah envoyés à l’Est et à l’Ouest à l’occasion de la « Journée Al-Quds » célébrée il y a quelques jours. Dans ce contexte, il serait utile de commenter la pertinence des messages Hezbollahi et de leur impact sur l’avenir politique de ce parti après le règlement du problème des armes. Car dans un pays pluraliste, l’avenir politique de tout parti est lié intrinsèquement à ses positions de principe qui touchent non seulement ceux qu’il représente, mais aussi les autres libanais. Le parti de Dieu justifie son insistance à garder ses armes par l’existence du danger imminent Israélien. Supposons que ce danger soit perçu par tous les libanais de la même manière (ce qui n’est pas tout à fait vrai), est ce que le fait de permettre à des groupements politiques d’avoir des armes (inclus quelques 12000 missiles) est la solution face à ce danger ? Dans ce cas, pourquoi ne pas permettre à d’autres groupes qui s’inquiètent du danger palestinien ou syrien à faire pareil ? Objectivement parlant, le lion Syrien, grièvement touché par l’Oncle Sam, ne cache pas sa frustration vis-à-vis de certains Libanais, considérés comme les chevaux de Troie par lesquels on lui a fait enlever l’une de ses cartes de pressions les plus importantes. Au vu de l’historique syrien, cette animosité ne pourrait être considérée que comme un vrai danger. De quel œil le Hezbollah verra –t-il le courant du Futur devenir une milice, détenir des missiles ou organiser des parades militaires à Tariq el Jdideh par exemple ? D’autre part, les groupes armés palestiniens ne sont ils pas perçus comme un danger par au moins une partie des libanais ? Ces derniers, en suivant la même logique, peuvent-ils s’organiser en milices tout en criant haut et fort que « les armes ne seront pas utilisés « à l’intérieur » comme le font les milices palestiniennes pro syriennes ? Suffit-il de s’engager en public ? Qui assure que ces engagements seront respectés lorsque l’heure des échéances sonnera ? Qui assure la pérennité des commandements de ces milices palestiniennes ? Ou même la pérennité de leurs choix politiques stratégiques ? A-t-on eu le temps d’oublier les multiples revirements palestiniens durant les 30 dernières années ? Quant aux armes « légères » présentes dans les camps, Cheikh Nasrallah affirme qu’elles servent à protéger « les palestiniens, leur honneurs, leurs femmes… ». Ainsi soit il, Mais de qui ? Le seul parti qui a des armes au Liban est le Hezbollah et ce n’est sûrement pas ce parti qui va les attaquer. Si ce dernier détient des informations sur d’autres groupes armés qui comptent s’attaquer à des civils palestiniens « comme à Sabra et Chatila », qu’il les dénonce. Aucune force politique au Liban n’accepterait des attaques contre les civils palestiniens. En parlant de souveraineté, Cheikh Nasrallah s’est montre irrité des ingérences onusiennes. Etrange que cette irritation soit venue du leader d’un parti qui s’est longtemps accommodé des ingérences syriennes (souvent grossières) en plus du fait que le lancement du parti ne soit pas très étrange aux Gardiens de la Révolution en Iran. Les déclarations menaçantes de Anouar Raja et Ahmed Jibril n’ont-ils pas irrité le Hezbollah ? N’est ce pas une entorse à la souveraineté libanaise ? M. Raja qui déclarait que « nous ne sommes pas venus chez l’Armée mais c’est l’Armée qui est venue chez nous » ? Ou bien que « nous ne permettrons pas à l’Armée d’envahir nos positions » ? Détient-il des actes de propriété pour ces positions ? Font ils partie des territoires palestiniens désormais ? Qui est chez Qui ? De quel droit M. Raja, et en sa qualité de quoi, voudrait-il « négocier » avec l’Armée la libération de 6 soldats « qui se sont infiltrés dans notre position » ? L’Armée Libanaise a-t-elle besoin d’un permis de Raja ou de Jibril pour fouiller des positions miliciennes ? Le statut de « réfugiés », applicable aux palestiniens résidant au Liban, impose aux autorités libanaises et à la société civile libanaise une attitude complètement différente en ce qui concerne les droits économiques et sociaux, tels que stipulés par les engagements internationaux du Liban. Mais elle impose également aux palestiniens, notamment les leaders politiques, une certaine conduite respectueuse du pays hôte. Si les Libanais ne se mettent pas d’accord qu’il faut bâtir l’Etat Libanais sur la base des principes universels des droits de l’Homme, c’est qu’ils auraient perdus 30 ans, des centaines de milliers de martyrs et des dizaines de milliers de disparus, pour rien. Un Etat de droit, condition sine qua non à la reforme politique et économique à laquelle aspire tant le Hezbollah, ne saurait coexister avec une multitude de milices, non libanaises de surcroît. La protection des civils palestiniens relève exclusivement des autorités libanaises et ne peut pas être sous traitée à des groupuscules armés. Le respect des résolutions internationales et l’application par le Liban des conventions internationales doivent être la base de la pratique politique du pays. Et si le droit international nous impose de suivre une certaine procédure onusienne pour prouver la libanité des fermes de Chebaa, c’est que le Liban se doit de suivre cette procédure comme il faut. Autrement, il est normal qu’on s’attire les foudres de la communauté internationale. Et ce n’est pas par pragmatisme politique qu’on doit faire ça, mais pour être respectueux de la légalité internationale, pour être conséquents avec nous-mêmes, dans une perspective d’éthique politique. Un nouveau Liban ne pourrait pas être bâti qu’en l’absence de toutes sortes de milices ou de groupes armés. La défense du Liban face à tout danger fait partie des responsabilités de l’Etat libanais. Et rien de prouve qu’un Etat de droit, complètement souscrit à la légalité internationale, ne peut s’acquitter de cette tache.

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Vérité et justice, pierres angulaires de la réconciliation

https://www.lorientlejour.com/article/499820/Verite_et_justice%252C_pierres_angulaires_de_la_reconciliation.html

Dans la tourmente qui secoue le pays depuis quelques semaines et à l’occasion de la commémoration du 13 avril 1975, il serait judicieux de lancer une réflexion sur les fondements de ce que plusieurs appellent désormais la IIIe République. La naissance de cette nouvelle République se fait déjà dans la douleur : celle des assassinats et des attentats à la bombe. L’envergure de Rafic Hariri et la gravité de sa disparition ont mobilisé la communauté internationale qui a su imposer (heureusement d’ailleurs) une commission d’enquête internationale dont les prérogatives sont presque sans limites. Toutefois, le cynisme soutenu des grands décideurs (car on n’en est plus au seul décideur syro-baassiste) fait que la douleur des milliers de familles des victimes tombées sous les crimes les plus atroces passe pour inaperçue, ou accessoire, pour les démocraties occidentales. Des centaines d’officiers, de miliciens (haut gradés) ou de politiciens, libanais, israéliens, syriens, iraniens, palestiniens. etc., vont pouvoir continuer leurs vies comme si de rien n’était. Parce que, aux yeux de la communauté internationale, tous les crimes commis depuis le 13 avril 1975 ne sont pas suffisants pour que des enquêtes sérieuses et impartiales soient mises en place. D’aucuns diraient que la réconciliation ne peut se faire dans un esprit de vengeance. La réalité montrerait que toute réconciliation « bâclée » pourra facilement se « défaire » en l’absence de la vérité. D’autant plus que la quête de la vérité ne se fait pas dans un esprit de vengeance, mais dans un esprit de justice. La différence entre les deux concepts est colossale. L’illustre exemple de l’Afrique du Sud doit inspirer aux tenants de la IIIe République en gestation, ainsi qu’aux dépositaires et garants du droit international, une ligne de conduite complètement opposée à celle qui est adoptée actuellement. Pour réussir une vraie réconciliation nationale, il faut absolument boire la douloureuse coupe de la vérité. Le but n’étant pas nécessairement de punir, mais au moins de savoir, pour pouvoir pardonner. Le droit de savoir devra sans aucun doute devancer le devoir de pardonner, auquel les familles des victimes sont appelées à s’y conformer. Un pardon anonyme, collectif, inconscient, imposé, sans conviction ne sera rien d’autre qu’un pavé dans la mare dont les effets se dissiperont à la première brise. Pratiquement, c’est en créant une « commission de vérité et de justice » que l’impunité que se sont auto-octroyés les auteurs de ces crimes pourra être contournée. L’initiative de créer cette commission ne viendra jamais des politiciens eux-mêmes (ni loyalistes ni opposants) pour la simple raison que la plupart d’entre eux sont impliqués directement ou indirectement dans des crimes contre l’humanité. Ce genre d’initiative ne viendrait qu’à travers une mobilisation de la société civile libanaise soutenue ouvertement par les organismes onusiens. En attendant, nous nous consolerons du fait que les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles. À bientôt donc, pour la justice, la vérité et la réconciliation. Élie ABOUAOUN Chargé de cours à l’USJ

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Les Malheurs des Arabes

Published in l’Orient le Jour (French language national daily newspaper in Lebanon)

En Septembre 2003, les forces britanniques identifient et arrêtent un criminel notoire dans le mohafazat de Missan (Sud de l’Irak). Ils perdent un de leurs soldats lors d’un échange de tirs avec les collaborateurs du « Chef ». Le soir même, la chaîne Al-Jazira annonce que « la résistance chiite a commencé au Sud de L’Irak ». En Octobre 2003, et en guise d’introduction aux préparatifs pour la conférence de Madrid pour la reconstruction de l’Irak, le présentateur de la chaîne Al-Arabya affirme haut et fort que « la Coalition réunit les bailleurs de fonds après avoir détruit l’infrastructure vitale de l’Irak. ». Alors que tout le monde sait que l’infrastructure vitale n’a pas été détruite lors de l’invasion de l’Irak. Et que les problèmes qui existent à ce niveau sont dus à la négligence du régime baasiste et surtout aux dépenses militaires et au coût des aventures militaires et personnelles de Saddam Hussein. Le présentateur a bien sûr omis de mentionner que les Irakiens ont droit actuellement à 20 % plus d’heures de courant électrique qu’en 2002. Pour un téléspectateur ordinaire, ce genre de propos peut être « assimilable» mais pour quelqu’un qui vit en Irak et qui suit l’évolution de la situation, ça ne peut être qu’une preuve de plus que les médias arabophones sont mal placés pour assurer une information saine à une population arabe souffrant de problèmes politiques, économiques, culturels et sociaux graves. Ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres de la désinformation pratiquée par la plupart des medias arabes. Au delà de la transgression des règles d’éthique qui imposent à tout journaliste de s’assurer de l’information qu’il diffuse, il est légitime de se demander sur la nature de l’objectif politique recherché à travers cette pratique perverse du journalisme. Il est tout à fait normal qu’une chaîne télévisée suive une ligne politique et exploite tel ou tel événement pour faire valoir cette ligne, mais de la à inventer ou à déformer un événement, ça ne peut que montrer une décadence maligne qui rappelle les pires pratiques dictatoriales, dont les régimes arabes sont les champions. Il ne suffit pas de décorer ses plateaux à la « BBC » ou d’organiser des talks-shows à la « Larry King » pour se vanter d’une information « moderne ». C’est le contenu de cette information qui compte. C’est surtout l’objectif recherché à travers cette information qui institue ou destitue la crédibilité des médias. Surtout que la fin, quelle qu’elle soit « noble », ne justifie pas les moyens. A tous les malheurs des Arabes (dont notamment l’existence perpétuée des « ministères de l’information ») s’est ajouté ces dernières années le malheur des Medias « pseudo modernes ». Vive la Liberté !!

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Une Francophonie politiquement correcte

https://www.lorientlejour.com/article/388770/Opinion_La_francophonie_politiquement_correcte.html

Published in L’Orient le Jour (French language daily newspaper in Lebanon)

A la veille du sommet officiel de la Francophonie, et en plein programme culturel “franco bis 2002”, il serait courageux de se poser la question suivante: Quelle est la portée des valeurs francophones ?

Force est de constater que la grande majorité des pays francophones souffrent encore de problèmes structurels en terme de pratiques démocratiques et de respect des droits de l’Homme. Par conséquent, les sociétés civiles de ces pays fonctionnent dans des cadres limités et font état continuellement de leurs capacités restreintes et de contraintes politiques, financières, judiciaires…etc.

A la lumière de ces deux données, comment évaluer le contenu et la portée des valeurs francophones ?

A cet effet, il ne suffit pas d’identifier les valeurs vehiculees par la seule utilisation de la langue française, mais de savoir quelles sont de ces valeurs, celles qui sont retenues et vécues par les sociétés des pays francophones.

Est ce que ces valeurs ne relèvent pas, par hasard, d’une “illusion intellectuelle” établie intentionnellement pour servir les intérêts politiques et économiques d’un groupe de pays peu démocratiques, à quelques exceptions près ?Sinon, comment expliquer le silence du monde francophone, et des états francophones politiquement développés, face aux violations massives et graves dans les autres pays francophones moins développés politiquement, dont le Liban, hôte du IXe sommet de la Francophonie ?

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Youth issues in Lebanon

Published in “Beryte” (Students magazine of the Saint Joseph University; Beirut- Lebanon)

Open letter to the Lebanese authorities on the occasion of the 53rd anniversary of the Universal Declaration of Human Rights

It is sad to admit that Lebanon does not implement any youth policy on a national level. The search for identity is still a major concern for a Lebanese young person, especially within the rapid changes that our society is witnessing. The role of the Lebanese authorities is rather a confusing one. They are insisting on a unique-thought (cultural and political) policy, preventing the youth from a consistent search and confirmation for their identity.

The trend in Lebanon is to emphasise on a kneading (or blending = insihar in Arabic) policy, thus causing the melting of all the “loyalist” political tendencies into a unique product and simply rejecting the other tendencies. This policy is inevitably creating a basement for a new conflict within the Lebanese society, mainly because of the intolerance and the prejudices that are emerging within the Lebanese youth.

On the other hand, the serious socio-economical crisis is affecting a lot the youth in Lebanon. A young person can hardly become autonomous within this crisis. Moreover, the self-consciousness of the Lebanese youth has been restricted because of the « new priorities list” of the young Lebanese, who is spending most of his time trying to survive the crisis, having no time for other concerns. Youth autonomy and social responsibilities are as well negatively influenced by the general political context in Lebanon (refer to the Background information)

One of the pillars in any youth policy is education. Formal education is largely repressive (from the methodological point of view) and is much more efficient in private universities compared to the public one, where the local political conflicts and the acute economical conditions are restricting its development and autonomy. Non-formal education is not recognised in Lebanon as an education alternative. This prejudice is a major obstacle against the emergence of a national youth policy. In general, young Lebanese are motivated scholars for informal self-teaching educational methods, but within their sphere of possibilities.

Knowing all the above-mentioned points, one can easily note that youth action in Lebanon remains the product of a personal initiative. This situation cannot generate a national youth policy.

The youth organisations in Lebanon are facing the following problems:
  1. Lack of resources: Most NGOs depend on voluntary contributions to finance their activities. Therefore, the youth NGOs operate through a voluntary unpaid network, thus limiting their productivity and efficiency.
  2. Political situation: For obvious political reasons, there were many attempts by « loyalist » political parties to hijack the youth activities. This prevented the rare independent youth initiatives from developing. The political labelling and the persistent human rights violations are the major obstacles in this path.
  3. The absence of a government policy: Although a ministry for youth and sports was created last year, there is still not a clear youth policy in Lebanon. The ministry still reacts on a case-by-case basis. Since March 2001, a group of NGO, headed by Save the Children- Lebanon is trying to advocate for the elaboration of a national youth policy. The role of the Ministry of youth, although not negative, is mainly passive.
  4. The absence of a cross-sectoral interest in youth policy: No supportive measures are taken by any of the non-civil society sectors. Apart from the passive attitude of the government, the private sector in Lebanon is still not really keen to support youth initiatives. With some exceptions, we can barely find a real partnership between the private sector and the civil society on the youth level. This is due to many factors, one of them being the economical crisis, another one is the under-estimation of any youth action or even activity, considered either a « childish » activity with no social influence or multiplication power or on the contrary a “dangerous trend” that may lead to radical social changes thus threatening the traditional leaderships.
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Vous recoltez ce que vous semez

Published in L’Orient le Jour (French language daily newspaper in Lebanon)

Open letter to the Lebanese authorities on the occasion of the 53rd anniversary of the Universal Declaration of Human Rights

Nul n’ignore que la société libanaise passe par une phase de décadence. Et l’indicateur le plus évident qui confirme ce constat est sans doute l’état de la société civile. Mais quel lien existe –t-il entre cet état de fait et la situation des droits de l’Homme au Liban ?

Je commencerais par la relation entre les atteintes à la dignité de la personne humaine et la réponse de l’ « Etre Social » à ces « provocations ».

Cette dignité, inhérente à tous les êtres humains, et dont découlent tous les droits évoqués dans la DUDH, constitue le rempart « comportemental » de chacun de nous. Il est connu qu’une des causes majeures des conflits personnels est ce qu’appellent les parties au conflit « une atteinte à leur dignité ». Ce phénomène est-il aussi valable au niveau collectif ?

L’expérience libanaise nous permet de dire qu’un certain nombre de vices actuels observés au niveau de la société libanaise sont des réponses aux violations répétées des droits de l’Homme, et donc de la dignité humaine.

Parfois, les autorités, par présidents, ministres ou députés interposés, se posent la question : « Que voulez-vous que nous fassions face à tel ou tel vice, attitude, crime…etc.. ? » Par le biais de cette question, on justifie les pires abus et violations.

Dans la pratique, que pourraient susciter, au niveau sociétal, des situations chroniques d’arrestations arbitraires, des interrogatoires « musclés », des détentions injustifiées et prolongées ?

Comment réagit-on à des procès « expéditifs » devant un tribunal militaire, à des inégalités aberrantes devant la loi pour des considérations d’appartenance politique ou confessionnelle, à des jugements incompréhensibles portant des empreintes politiques indélébiles ou à l’absence de transparence et de responsabilité publique ?

Quelles sont les conséquences de l’immixtion dans les vies privées, d’une censure politique stupide, d’une censure morale inadaptée, d’un modèle politique répressif et à pensée unique, ou d’élections télécommandées ?

Que devrait-on attendre d’un secteur éducatif rétrograde, souffrant et fondé sur la répression et la discipline excessive et inutile, de secteurs médical et hospitalier corrompus et difficilement accessibles, d’une politique de l’emploi carrément inexistante, ou d’une protection sociale symbolique ? Ou quelle est la réponse des jeunes face à l’absence d’une politique de la jeunesse ?

Je ne désire nullement justifier le taux alarmant d’attitudes irresponsables, racistes, marginales et corrompues qu’on pourra trouver au sein de la société libanaise. Ni minimiser le rôle crucial que doit jouer la société civile et qui n’est pas assumé complètement (ou convenablement) pour des raisons diverses, parfois ( seulement parfois) indépendantes de notre volonté.

Mais face à cet état de fait, les responsables ne doivent pas s’étonner devant l’extrémisme, le radicalisme, le désintérêt croissant pour la chose publique, l’émigration, l’augmentation du taux de criminalité, la corruption, l’autocensure, l’absence de confiance dans le système judiciaire, le mépris de l’administration publique, la prolifération des techniques de « contournement » des lois et procédures, le changement de l’échelle des valeurs morales, et tant d’autres « réactions collectives » dont se plaignent tous les Libanais, même ceux qui y sont impliqués.

Mesdames et Messieurs les présidents, ministres, députés et autres responsables, sachez que vous ne récoltez que ce que vous semez. A vous de jouer.

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Les rafles du 7 août : des violations en cascade des droits de l’homme

https://www.lorientlejour.com/

Opinion Les rafles du 7 août : des violations en cascade des droits de l’homme

Nous recevons du Dr Élie Abouaoun, membre du comité directeur (Paris) de l’association Nouveaux droits de l’homme – International et chargé de mission au Liban, l’opinion suivante dont nous publions des extraits : « Les rafles du 7 août 2001 resteront gravées dans la mémoire de beaucoup de citoyens libanais comme un exemple frappant de la violation par le Liban de ses engagements…

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Ne touchez pas a la liberte d’expression

https://www.lorientlejour.com/article/418249/Tribune_Ne_touchez_pas_a_la_liberte_dexpression.html

Tribune Ne touchez pas à la liberté d’expression

Accusé d’atteinte à la magistrature, Me Mohammed Moghrabi doit comparaître aujourd’hui devant le juge d’instruction Sakr Sakr qui a formulé le souhait de l’entendre au sujet des propos qu’il a tenus récemment et qui mettent en doute l’indépendance du Conseil supérieur de la magistrature. Me Moghrabi affirme que le parquet s’apprête à engager des poursuites contre lui dans…