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La liberté d’expression – Cas des caricatures danoises

Published in l’Orient le Jour (French language daily newspaper in Lebanon)

Suite aux publications successives (septembre et décembre 2005) de caricatures associant le prophète Mahomet et la religion musulmane au terrorisme, une série de protestations furent organisées partout dans le monde, soit pour dénoncer les atteintes aux symboles religieux de l’Islam, soit pour défendre le respect absolu de la liberté d’expression. Dans ce cadre, plusieurs demandes (certaines émanant de gouvernements) exigeaient des excuses de la part du gouvernement Danois et « une législation internationale interdisant l’atteinte aux symboles sacrés de l’Islam ».

Si face à cette polémique les ONG des droits de l’Homme ont adopté une position considérant les caricatures comme humiliantes (pour certaines) et racistes (pour d’autres), ces mêmes ONG ne pouvaient pas souscrire aux demandes d’excuses officielles exigées du gouvernement Danois. Sur le fond, il est clair que certaines des caricatures tournaient en dérision des valeurs/croyances religieuses musulmanes -chose généralement tolérée en Occident même quand ça touche des croyances chrétiennes ou autres- et donc avaient une portée humiliante. Mais le plus grave, et la ou la violation est plus évidente et plus grave, c’est l’amalgame qu’une partie des caricatures crée entre les adeptes d’une religion – l’Islam en l’occurrence- et des activités terroristes souvent revendiqués par des groupes politiques islamistes. C’est une sorte de jugement collectif donc que ces caricatures lancent contre un groupe déterminé sur la base du comportement d’une minorité appartenant idéologiquement à ce même groupe. Toujours est-il que ces caricatures ont été publiées par une entité relevant d’une entreprise privée.

Par conséquent, le gouvernement Danois ne pouvait pas être tenu responsable de la publication des ces caricatures. Le premier ministre danois a fait savoir, publiquement, sa désapprobation. Une instance gouvernementale ne pouvait pas aller plus loin dans un Etat de droit. Toute action gouvernementale autre que celle-ci serait une atteinte à la liberté d’expression. Ceci ne veut pas dire que la Justice Danoise ne pouvait pas être saisie du cas. Une procédure judiciaire aurait pu déboucher sur une condamnation de la publication pour « dessins racistes et/ou humiliants ». Un recours à la Cour Européenne des droits de l’Homme aurait été possible aussi si les plaignants, après avoir épuisé tous les recours juridiques nationaux, n’obtiennent pas gain de cause. En fin de compte, et loin du débat sur l’opportunité et l’efficacité de saisir la justice, ce genre de polémiques doivent pousser les sociétés civiles Orientales et Occidentales à approfondir le dialogue entre les cultures, tout en renonçant aux actions violentes comme celles qui ont caractérisés les protestations organisées dans la plupart des pays arabes et musulmans suite à la publication des ces caricatures.

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