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Les defis imminents du nouvel ordre arabe

La région Arabe vit depuis plus d’un an au rythme d’un changement à la fois inespéré et radical, dont les conséquences se feront certes ressentir au niveau international. Les perspectives d’avenir ne sont toujours pas très claires surtout que les peuples de la région font face à des défis majeurs et imminents. A défaut d’un succès de ce nouvel « Ordre Arabe », , c’est un nouveau bouleversement qui s’annonce dans une région qui ne cesse de vivre au rythme des coups, révolutions et consorts depuis la fin du colonialisme.

Le premier défi est la prolifération du chaos dans la plupart des pays ou le régime a changé (à l’exception notoire de la Tunisie). L’Egypte, la Libye, la Syrie et le Yémen vivent toujours une situation d’insécurité (variable d’un pays à l’autre sûrement) qui laisse perplexes les mêmes personnes qui ont cru pendant des décennies que leur malheur n’est dû qu’au régime dictatorial. En parlant d’insécurité, ce n’est nullement de l’aspect « criminel » qu’il s’agit mais surtout des violences confessionnelle, tribale, inter-milicienne…etc. qui ont déjà fait et qui font toujours (même dans des pays ou le régime a changé) des milliers de victimes. Le processus de normalisation après une révolution est certainement long et pénible mais est-il nécessaire de s’attacher à ce prétexte tout en ignorant l’exemple de la plupart des républiques ex-soviétiques ou de l’Europe de l’Est qui ont su faire leurs révolutions sans tomber dans des excès de violences ?

Les Islamistes, qui sont les plus en vue pour tenir les rênes du pouvoir dans un grand nombre de pays arabes maitrisent l’art du double langage. Leur rhétorique politique est presque impeccable puisqu’ils affirment publiquement leur engagement à respecter l’alternance démocratique au pouvoir, à assurer l’égalité de tous devant la loi, à respecter les libertés individuelles et publiques…etc. La vie quotidienne dans plus d’un pays (Tunisie, Egypte, Libye…) reflète une toute autre attitude cependant. Les restrictions sur les libertés font rage et les exemples augmentent de jour en jour : Saura –t-on concilier enfin l’Islam politique et le respect des droits fondamentaux de la personne Humaine dans des sociétés ou la laïcité telle que pratiquée en Occident n’est en aucun cas applicable ?

Au-delà des défis à caractère sécuritaire ou politique, le souci primaire des gens est surtout économique et social. Il faut admettre que les attentes de certains dans ce domaine sont chimériques. Une renaissance économique à court terme n’est pas envisageable, surtout que c’est à l’ombre d’une crise financière mondiale que les révolutions arabes battent leurs tambours. Les nouveaux gouvernements peinent déjà à instaurer un minimum de stabilité sécuritaire et politique.

Il leur est certainement plus compliqué d’entamer, en l’espace de quelques mois, une refonte totale des systèmes économiques et financiers en place depuis des décennies.

C’est un travail de longue haleine qui est nécessaire pour remettre les systèmes économiques d’une grande partie des pays arabes sur les rails et atteindre un minimum de sécurité socio-économique. L’exemple de l’Irak, beaucoup plus nanti en ressources naturelles que l’Egypte ou la Tunisie par exemple, est là pour nous rappeler l’ampleur de la réforme économique et sociales ainsi que les difficultés qui y sont attenantes.

Dans cette tâche immense, l’implication de tous les acteurs économiques et sociaux ne saurait faire défaut. Tout le monde est-il prêt à accepter les sacrifices nécessaires à cette entreprise, à l’exemple des européens et des japonais au lendemain de la « Grande Victoire » de 1945 ? Les peuples dormiront-ils sur leurs lauriers juste pour avoir su se débarrasser de leur passé sans se sourcier de la construction de leur avenir ? C’est sans aucun doute le plus grand danger qui nous guette.

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