Published in “Arc en Ciel” (Magazine of the international NGO “Nouveaux droits de l’Homme”; Paris- France)
“C’est un sentiment de déception qui m’envahit à la fin de cette réunion car la situation des droits de l’Homme au Liban n’est pas du tout saine”.
En disant ces mots, Madame Medina Kerruga, membre du Comité des droits de l’Homme des Nations Unies a reflété l’avis de tous ses collègues à la fin de leur réunion, consacrée au Liban, du 7 avril 1997 à New York.
Le Comité des droits de l’Homme, composé d’une vingtaine d’experts internationaux a pour rôle de veiller à l’application, par les états signataires, du pacte international relatif aux droits civils et politiques. Il étudie les rapports périodiques des gouvernements, les compare avec les rapports des ONG et les discute en présence d’une délégation officielle du pays en question.
Le Liban, qui a adhéré au pacte en 1976, a soumis le rapport initial en 1983. C’est en 1997 qu’il a présenté le deuxième rapport, avec un retard de neuf ans. Ce qui a poussé plusieurs membres du Comité à critiquer cette attitude nonchalante. Plusieurs organisations non-gouvernementales, dont “Nouveaux droits de l’Homme-International” (Mission au Liban), conjointement avec la “Fondation des droits de l’Homme et du droit humanitaire”(membre correspondant de la FIDH) ont soumis au Comité un rapport détaillé sur les droits de l’Homme au Liban. Les membres ont beaucoup apprécié l’objectivité et le sérieux de ces rapports . Ils ont violemment critiqué le fait que le rapport du gouvernement ne contient que des extraits de la constitution, ce qui est tout à fait inutile pour une telle réunion.
Les discussions ont surtout porté sur les violations suivantes:
- La déclaration de l’état d’urgence en Février 1996 sans aucune raison valable. Selon le Comité, cette mesure doit être prise uniquement si “la Nation est en péril” et non pas en cas de manifestations syndicales comme ca a été le cas.
- L’interdiction de manifester décrétée en 1994 et toujours en vigueur.
- Les arrestations arbitraires, les méthodes d’interrogatoires (tortures, traitement inhumain…) ainsi que la dépendance du pouvoir judiciaire vis à vis de l’autorité politique.
- Les atteintes à la liberté de presse (censure, autocensure… ) et la récente loi controversée sur l’audiovisuel.
- Les actions et les violations commises par les forces armées syriennes au Liban (arrestations, transfert de prisonniers sans base juridique) et l’attitude passive des autorités libanaises vis à vis de ces exactions.
- Les conditions dégradantes des prisons libanaises.
- La situation des immigrés (discrimination, mauvais traitement…).
L’absence des réponses ainsi que leur incohérence ont laissé une impression chez la presque totalité des membres que les autorités libanaises attachent très peu d’importance à la situation des droits de l’Homme. Le Comité a notamment souligné plusieurs contradictions entre les déclarations officielles et les réponses de la délégation. Dans ses recommandations soumises au gouvernement libanais, le Comité a mentionné toutes les violations ainsi que quelques propositions pratiques. Il demande au Liban de présenter le prochain rapport en 1999. Osons espérer que d’ici la, un effort particulier sera déployé afin d’améliorer l’état de l’être humain au Liban et de ses droits.