https://www.lorientlejour.com/article/705757/Photo_fatale_%252A.html
Ca aurait pu avoir lieu n’importe quand entre 1990 et 2005: les organisateurs d’une exhibition photographique à Beyrouth décident de fermer boutique dix jours avant la fin prévue à cause de la censure. Mais l’incident a lieu en mai 2011. Dans les faits, les organisateurs du « World Press Photo Exhibit » (organisé à Beyrouth) prennent la décision de fermeture suite aux injonctions « officielles » d’enlever les photos d’Amit Shaal, prétextant le fait qu’il est de nationalité israélienne. A noter que le photographe a reçu le troisième prix du concours international de la « World Press Photo of the Year » en 2011 et c’est à ce titre que ses photos étaient exposées.
Donc, rien que de par la nationalité du photographe, les photos de cet artiste deviennent fatales et constituent un danger pour la sécurité nationale. Rien mois que ca, quand même. Apparemment, le gouvernement n’a pas encore compris l’inutilité de son rôle de censeur dans le nouveau « village global » que constitue notre petit monde. En jouant son rôle d’inquisiteur, le personnel de la Sureté Générale et des autres organes ne cessent de montrer un excès de zèle effleurant l’idiotie. Alors que des touristes sont kidnappés en plein jour, des citoyens sont menacés presque partout par l’activité grandissante des brigands et autres consorts, nos agents publics ne prennent acte que du danger des photos d’Amit Shaal, montrant des rues à des époques différentes.
Au delà de cette mentalité moyenâgeuse, il serait judicieux de se poser des questions sur l’autorité politique qui gouverne ce pays ; toutes tendance confondues. L’incident de cette exhibition n’est pas le premier cas de censure et n’est pas le plus scandaleux en tout cas. Cette tendance répressive montre que rien ne différencie les courants politiques quand il s’agit de médiocrité : ni le ministre de la culture (du 14 mars), ni le ministre de l’intérieur (du centre), ni les « tuteurs politiques » de la Sureté Générale (du 8 mars), ni le pouvoir judiciaire, ni la Chambre des députés n’ont pu mettre un terme à la pratique de la censure, du moins depuis mai 2008 (pour enlever le faux prétexte de « combats existentiels » que certains utilisent pour justifier leur médiocrité). Pour ceux d’entres eux qui affirmeraient qu’ils n’ont pu rien faire, la réponse est simple : ce n’est pas une tare de ne pas pouvoir tout faire (surtout au Liban) mais il faut au moins informer l’opinion publique de ce que vous avez essayé de faire et pourquoi ca n’a pas réussi. Le devoir de réserve a des limites qu’il faut respecter pour ne pas se transformer en une rétention d’information.