Rien que durant les 4 premiers jours de 2008, voici 7 messages « subliminaux », dont l'année 2007 fut pleine. Jamais on n'aurait vu au Liban pareille décadence politique. Indépendamment de leur contexte chronologique, ces 7 messages (dont les auteurs ne sont nullement visé par cet article en tant que personnes) parvenus aux libanais sont assez significatifs et démontrent que la totalité des courants politiques libanais (et de leurs affiliés) se sont résignés, volontairement ou pas, à muter le travail pour la chose publique en une activité machiavélique sans foi ni loi.
A la lumière de ce qui précède, force est de se demander si on peut réinventer un Liban en l'absence d'une définition de valeurs fondatrices. Comment le Liban pourrait sembler s'il est « rabâché » à la va vite sans une exploration en profondeur des valeurs communes qui doivent constituer la base d'un « Nouveau Liban ». Nombreux sont les libanais qui aspirent à un Liban bien différent de celui d'aujourd'hui. Nous entendons des appels incessants à « revoir le pacte », à « trouver un nouveau compromis politique », à «refonder les bases politiques »…etc. Soit ! Mais aucune reconstruction politique ne produira l'effet escompté sans un consensus sur une échelle de valeurs qui devrait soutenir le tant attendu nouvel édifice politique.
Les valeurs précitées ne sont surement pas exhaustives. Ce ne sont que des exemples péchés à travers quelques déclarations déchainées. Dans ce qui suit leurs significations dans le contexte politique libanais :
Le Liban est un pays pluraliste et assez hétérogène. C'est évidemment une richesse mais afin de la maintenir, il faudrait que les libanais passent du stade de la « tolérance forcée » de l'autre au stade de « l'acceptabilité éclairée », qui suppose une résolution autonome de chaque composante du tissu libanais d'accepter l'autre en sa totalité et son unicité, à prendre en compte ses ambitions, ses attentes, ses peurs…etc. Donc il faut éviter les catégorisations totalitaires des libanais (pions ou victimes, nobles ou collaborateurs, intègres ou corrompus, souverainistes ou pro-syriens…etc.).
En optant pour une approche qui consiste à alimenter les craintes ou même à en créer quelques unes (assassinats, implantation, crises existentielles, besoin de survie…etc.), en pratiquant une politique de l'émotionnel (populiste, démagogique…), la plupart des leaders politiques ont réussi à paralyser les esprits de l'opinion. Le danger n'est pas tant d'embarquer l'opinion à l'occasion d'événements-clés, mais surtout de confisquer le potentiel de questionnement. Sans doute, ces mêmes politiciens ne réalisent-ils pas que sans esprit critique, toute formation politique est vouée à un déclin spectaculaire, une fois que les motifs de l'accaparation des esprits sont évaporés.
Probablement, l'intégrité politique, synonyme d'une conduite irréprochable, n'existe pas. Néanmoins, il faut espérer pour une certaine « intégrité en politique », afin de maintenir un minimum de respect. Est-ce chimérique de demander que la vérité soit uniformisée et généralisée pour tous et qu'elle ne subisse aucune altercation ? Même si Bernard Tapie, auteur de la fameuse « Il faut dire aux gens ce qu'ils ont envie d'entendre sans jamais leur mentir » ne constitue pas le meilleur exemple d'intégrité en politique, il n'en reste pas moins que sa citation est d'actualité.
Une et indivisible, la « souveraineté politique », ou l'exclusivité de la compétence de décision ne peut pas être relative. La période de l'après 2005 a montré que la grande majorité des échéances politiques libanaises ne se seraient jamais accomplies sans ingérences ostentatoires. Et tout cela s'est passé avec le consentement de cette même classe politique qui ne cesse de clamer son adhésion au principe de souveraineté.
S'abstenir d'agir en oppositions à nos dires, c'est comme ca que la valeur de la « cohérence politique » sera confirmée dans les mœurs politiques libanaises. A défaut de le faire, l'opinion va être toujours leurrée.
Le discours et les programmes politiques doivent se baser sur le « bon sens ». En général, tout discours a une implication politique. Au Liban, certaines implications peuvent causer des dégâts et avoir des conséquences désastreuses. Opter pour des choix du bord de gouffre, clamer que les batailles, guerres et actions politiques ne se mesurent pas à leurs pertes (humaines ou matérielles) mais à leurs résultats (mêmes contestés), c'est sortir des sentiers du bon sens pour frôler les bords de la folie politique.
Ca fait longtemps que la notion de « responsabilité » est faussée au Liban. On n'a presque jamais vu un politicien proprement et justement sanctionné. Les justificatifs sont toujours trouvés, soit par la personne même, soit par les leaders qui la soutiennent. L'objectif ultime est toujours de se dérober de sa responsabilité et pour le réaliser, tous les chemins sont permis.
Ces valeurs et tant d'autres que les citoyens libanais sont appelés à définir, sont complémentaires et interdépendantes. Et le plus important c'est que nous n'avons que jusqu'au printemps 2009, date des élections législatives, pour les trouver et les mettre en application.